Procédure de peinture avec Botticelli

Dans le ciel, mercure, la planète qui symbolise entres autres les cognitions est rétrograde, elle recule. En astrologie, cela signifie que nous prenons du recul, que nous sommes davantage sur l’intériorisation que sur l’extériorisation.

Cela me donne l’envie de partager une procédure de peinture, moment intérieur pour une production d’un objet fini. Repensant le métier d’artiste-peintre, remettant en question ce que je pensais allait de soi, ici j’utilise les forces mercuriennes pour avancer aux rythmes des étoiles.

Un peintre, pour vivre, répond à des commandes, pas tout le temps, mais cela lui assure des revenus plus régulier que la vente au coup de cœur. Ce n’est certes pas le moment où je suis la plus libre, mais cela me permet de me recadrer quand la trop grande liberté devient une contrainte et que je n’ai plus d’idées pour faire de la peinture. Bien sur les commandes restent dans mon champs de compétences et mon éventail de propositions.

La commande était une interprétation d’une toile de Botticelli

(le lien est en anglais, mais on peut voir la peinture en taille réelle)

J’ai choisi ce tableau de Botticelli car je cherchais à faire un portrait d’un jeune homme, je travaille mes gammes du dessin par l’étude des classiques de la Renaissance, les italiens étant pour moi de grands dessinateurs.

Ce portrait avait une grande simplicité, on y retrouve la sobriété, l’austérité flamande par ce noir et ce marron sombre, mais le visage éclatant de lumière nous projette en Italie. Le visage immortalisé de cet inconnu aux traits adolescents, à la fureur de vivre et d’un calme énergique m’a séduite. Il a aimé être regardé et offre son visage aux reflets doux de la lumière que rapportent la couleur. J’y trouve un Botticelli plus sombre, presque en avance sur son temps, plus humble qui montre toute sa vulnérabilité et sa sensibilité avec simplicité. En comparaison de ses autres peintures avec un poids religieux ou politique, ce portrait me semble aujourd’hui plus parlant que le reste de son œuvre.

Pour bien cerner ce motif j’en ai fait un dessin :

le dessin fut plus facile à réaliser, j’ai beaucoup aimé ce moment et je pense que cela se ressent.

Dessiner me permet de bien comprendre les formes singulière au portrait de base, puis de gagner un peu de temps pour la commande (cela fait aussi partie du travail de peintre que de gérer son volume de travail et l’impatience de ses commanditaires).

chez ses propriétaires

Puis vient le travail de peinture, j’ai tenté des choses, je dirais même que je me suis acharnée à vouloir mêlé le dessin et la peinture alors que je dois les séparer. Le dessin est une affaire de trait et la peinture une affaire de forme, de variation et de couleur c’est l’harmonie des trois qui fait la facture.

une première tentative qui ne marche pas du tout, la peinture est ici transformé en coloriage

Il m’a fallu plusieurs semaines, faire différentes peintures tout à fait différentes, ne pas peindre du tout pour gagner suffisamment de courage et de confiance pour réaliser ce tableau SANS dessiner avant. Faire une œuvre de peinture et non un coloriage, non une tentative de reproduction sans y mettre de ma personne. J’ai fais le tableau, je n’ai pas photographié toutes les étapes, peut être une prochaine fois, pour rester dans l’énergie de la peinture. J’ai réalisé un premier jet fondateur et une deuxième session fut nécessaire pour peaufiner les détails qui n’ont pas pu être réalisé correctement du premier coup.

j’ai marqué les espaces, j’ai trop travaillé l’ombre qui lui donnait un air carcérale.
la version finale sur le chevalet

J’aurai pu encore détaillé, estompé, noyé les détails dans une brume sans fin, mais je trouvais que j’arrivais vers quelque chose de trop uniforme et qui me rappelais le lissage abusif de certains courant de peinture anglo-saxonnes. Je me suis arrêtée un peu trop tard je pense. Une peinture qui se termine par une déception est œuvre commune dans l’art. Elle ouvre a de nouvelles perspectives, de nouveaux chemins, recommencé ce tableau, parce que je n’en n’ai pas encore saisi tout les mystères, je me suis à peine approché de la leçon du maître.

Mes commanditaires en étaient ravies, le tableau est en partance pour rejoindre un coin ensoleillé.

Pour en savoir plus sur Botticelli :


Avatar de Barbara

Laisser un commentaire