La joconde et l’astrologie
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En faisant de la peinture, j’aime écouter des propos sur la peinture ; je plonge alors dans un circuit pictural entre ouïe et vision. Je ne pousse pas l’expérience à goûter mes solvants, du thé fait aussi bien l’affaire !
J’ai été particulièrement troublée lors de l’écoute d’un podcast sur le thème de l’anachronisme, une maladie que je trouve particulièrement vivace à notre époque. L’historien de l’art Daniel Arasse, critique la tendance de certains à l’anachronisme, notamment l’application de la psychologie sur les artistes de la Renaissance. Il rappelle alors que la psychologie est un terme qui naquit au XVIIIeme siècle et que les artistes de la Renaissance se définissaient par le tempérament, le caractère ou encore l’astrologie.
« Ou encore l’astrologie » ; phrase anodine en apparence ; mais qui résonna particulièrement aux oreilles du psychanalyste qui habite en moi. L’astrologie était aussi vive et aussi importante que l’est la psychologie aujourd’hui. Comment le temps peut-il affecter autant la façon dont les êtres se définissent ? Les idées des siècles précédents s’étant en apparence effacées au profit d’autres plus efficace ? Ici le langage habite une époque et en définit les contours, et j’imagine alors que Leonard de Vinci connaissait sa carte du ciel.
Un petit tour en 1452

Il a dût la réaliser au natal et en transit, il savait alors que son Soleil était en Taureau et sa Lune en Poisson (il n’aurait jamais pu être président de la république, heureusement pour lui il est né 5 siècles trop tôt). En ce qui concerne la peinture, et pour une explication astrologique de la Joconde, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’elle est l’expression de son mercure, car elle est pour lui « una cosa mentale » : une chose de l’esprit, en Bélier : elle est une façon de mettre en action son esprit, en opposition avec Saturne en Balance puisqu’elle est pour lui une méditation sur le temps. Une expression ici du temps (Saturne) dans les belles choses, (en Balance) l’art (la peinture, et la beauté de la jeune femme). Pour découvrir le mystère de la Joconde, ici un autre podcast de Daniel Arasse :
Nous pouvons même aller plus loin en regardant le ciel quand Léonard de Vinci aurait commencer à peindre la Joconde : Cela reste approximatif, j’ai mis ici 1503. Leonard de Vinci a mis quelques années à peindre ce tableau de commande, qui finalement devint un tableau personnel. La Joconde est célèbre, en particulier depuis le XIXème siècle, symbole de la France.

La vie psychique était vécue en fonction des normes de l’époque. Tout comme il est douteux de faire de la psychanalyse avant la psychanalyse, appliquer un filtre psychologique aux artistes d’un temps révolu sous prétexte de mieux les comprendre nous fait passer à côté de leur compréhension. En revanche, le savoir astrologique ne s’est pas perdu, mais au contraire enrichi au travers des siècles. Utiliser l’astrologie pour comprendre Léonard de Vinci nous fait franchir d’un pas les siècles qui nous séparent, et nous montre comment un homme répond à son ciel personnel.
D’hier à aujourd’hui
Quittons un instant Léonard de Vinci et revenons à nos moutons du 21ème siècle.
Se définir en termes psychologiques est notre façon de faire aujourd’hui, mais ce n’est qu’une façon de faire et non une vérité inaliénable. Transformer une vérité en dogme nous enferme. Rien ne nous oblige à oublier le passé, en témoigne aujourd’hui le regain d’intérêt pour l’astrologie. En choisissant, tout comme Sainte Thérèse de Lisieux ; c’est-à-dire en nous définissant par notre tempérament, notre caractère, notre astrologie, notre psychologie et notre psychanalyse, alors à la richesse de ce carrefour se trouve une myriade de sorties pour analyser et vivre différemment les épreuves que nous traversons. Appliquons ces dernières en couches successives, comme une peinture, où chacune des strates imprègne et nourrisse la suivante. Par exemple, pour un individu lambda, quelqu’un de tout à fait normal, qui se poserait des questions, l’astrologie lui serait utile pour définir dans un premier temps un tempérament ; imaginons qu’il soit né sous un Soleil est en Lion, ce n’est pas vers un problème d’estime de moi que je dois aller pour chercher des réponses psychologiques à mon état actuel, mais vers une autre thématique, peut-être celle de comprendre les dynamiques collectives, en faisant ici place à l’opposé de mon Soleil, le signe du Verseau.
De plus, la psychologie, quand elle est vraiment remise en question, quand elle retrouve sa plasticité scientifique, n’a pas balayé du revers de la main les différentes vues du passé. Pour un psychologue, passé le caractère déterminant de votre condition sociale, il reste un tempérament, une essence inaliénable qui fait que vous serez toujours d’une même et certaine façon si on vous déplaçait à travers l’histoire. Ce qui la rapproche la psychologie en quelque sorte de l’astrologie, car lorsqu’on réalise une carte du ciel de naissance, effectué à la première inspiration, nous établissons une sorte de tempérament. Avec ces premières coordonnées, on pourra alors faire d’autres combinaisons : les progressions (le développement de la vie psychique) ou les transits (la vie évènementielle), et ainsi voir émerger notre caractère.
La psychologie apporte des réponses, elle est liée à la Morale, au Bien. Elle donne ce qu’il y a de mieux à faire pour s’intégrer aux autres et minimiser les conflits, elle est l’huile de la machine, qui fluidifie du mieux possible les rapports entres les individus et entre l’individu lui-même. Elle reste floue en matière du monde, elle est déterministe car c’est une science qui se base sur des lois, des lois qui se répètent. Elle n’est pas une organisation mathématique et symbolique du monde, mais elle pointe du doigt certaines formes de réalités, dans nos sociétés, qu’on ne peut ignorer, si l’on cherche l’origine d’un malaise. Elle est la réponse moderne aux secousses psychiques éprouvées par les membres de sa société, elle est ce qu’il y a, faute de mieux.
Voir et revoir de la peinture des périodes antérieures nous rappelle à la richesse dont est capable l’être humain pour se réinventer face aux épreuves de la vie et à sa propre finitude. Penser la renaissance et son rapport aux étoiles nous offre une opportunité créative. Les chefs d’œuvres de la Renaissance sont encore admirés aujourd’hui, ils ont donc toujours quelque chose à nous dire, et pourtant, ils ont été produits par des Hommes usant de verbes différents pour voir et décrire leur mondes Ces derniers nous montrent alors qu’il y a bien un sens caché et 1001 manières d’être au monde.

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