« Les costumiers travaillent avec un crayon : c’est de l’art ; les couturiers avec des ciseaux et des épingles : c’est un fait divers. » Coco Chanel, Vogue français 1947.
Coco Chanel a connu les plus grands artistes de son temps, cependant ce n’était pas une collectionneuse d’art.
Coco Chanel avait aimé les artistes au-delà de leur œuvre. Elle les avait aimés sans autre désir que de de se laisser éblouir, sans autre fierté que de les avoir connus intimement et mieux découvert qu’un collectionneur avide de tout emporter. La différence entre certaine race d’amateurs, disons pour prendre un exemple, les collectionneurs types Gertrude Stein, et Gabrielle Chanel était plus qu’une autre sensible aux mystères du style. Elle en subissait l’envoûtement. Comportement donc l’explication réside dans l’immense respect que lui inspirait ce qui était fait main. La encore, il faut démonter le mécanisme de sa pensée en cherchant les ressorts. Sans doute trouverait-on, en guise d’explications certains moments d’elle-même oubliés […].
Toujours est-il qu’elle demeurait aussi étonnée qu’une enfant par ce qu’il y a d’enchanteur dans le geste de la main qui crée. L’évènement en soi lui suffisait, le moment bouleversant où… Eternelle orpheline devant le miracle. Avec, en sous-entendu, cette réserve que lui imposait son éducation, à savoir qu’un miracle vous éclaire, qu’on ne saurait le considérer comme un objet de fabrication banale, telle une robe, qu’il révèle pour une part de Dieu, et que jusqu’à nouvelle ordre, une enfant ayant grandi chez les sœurs, reste dans l’idée que Dieu ne s’achète pas. L’intrusion de tout ceci de l’orphelinat d’Aubazine et du couvent de Moulin est une évidence.
Ajoutons que le mépris de Gabrielle envers les gens qui s’obstinaient à vouloir posséder tout ce qu’ils admiraient avait de quoi surprendre. Et ce n’était pas faute d’argent qu’elle en était arrivée là. C’était une conception de l’Art, quelque chose qu’elle s’était prouvé à elle-même voilà tout […] conception qu’elle partagea avec Misia Sert […] telle était au départ leur vraie ressemblance : Elles éprouvaient un égal mépris à l’égard de ceux pour qui un tableau était seulement un tableau. D’être deux les confirmaient dans l’idée qu’elles ne se trompaient pas.
Extrait de l’irrégulière – l’itinéraire de Coco Chanel par Edmonde Charles-Roux




Au seuil du XXe siècle, la silhouette de la femme change radicalement. L’effet de cette transformation apparaît non seulement dans les modèles, mais aussi dans les pratiques : celle de l’amincissement en particulier, les corps étant moins dissimulés. Le couturier Poiret ose abolir le corset vers 1905 : il dessine des robes qui révèlent les formes. C’est sur cette évolution que s’inaugure la beauté du XXe siècle, « métamorphose » amorcée entre les années 1910 et 1920 : lignes étirées, plus grande liberté de mouvements. Plus de poitrine projetée en avant, ni de croupe rejetée en arrière. Les corsages cintrés, affinant la taille et soulignant les hanches, passent de mode, et les femmes portent désormais des robes en tissu léger censées rappeler les tenues Empire, qui aplatissent les lignes sans plus marquer la taille. Une silhouette androgyne s’impose avec les premières robes-foulards ou chemisiers. Les jambes se déploient, les coiffures se relèvent, la verticalité domine. Cette évolution est clairement perceptible à travers les quatre œuvres choisies. la suite : https://histoire-image.org/de/etudes/evolution-mode-feminine-1880-1920


Ce que j’aime avec Chanel, c’est la nouvelle forme qu’elle donna au corps féminin et sans user de couleurs tapageuse mais de texture diverse, comme le tweed inventa quelque chose de son siècle. La forme plus rectangulaire me fait penser à la verticalité de l’être qui trouve son équilibre entre ciel et terre.


Bien sur il s’agit de l’évolution d’une époque, la photo de gauche date de 1954 et la photo de droite de 1900, je souligne ici l’évolution à travers le vêtement d’un autre rapport corporel au quotidien, plus aisé dans ces mouvements tout en gardant sa dignité et son intimité protégé (un mouvement brusque ou les éléments tels que le vent ou la pluie qui font apparaitre les sous-vêtements est très gênant pour celle qui les portent, à bon entendeur).
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